Éloge à l'histoire

Trop souvent, on oublie de prendre un moment, reculer et contempler avec attention l’expression la plus banale de la vie telle qu’elle se déroule sous nos yeux incrédules. Nous vivons la grande illusion quotidienne comme si demain ne viendrait jamais et comme si hier n’a jamais existé. Cette illusion se nomme présent.

Le présent est une conception fallacieuse et toxique du temps dans laquelle les esprits se baignent et se noient sans nuance. Déjà, le temps est chose ardue à définir, mais le présent l’est d’autant plus. Il tire essentiellement son existence du consensus social à son sujet; il est important de vivre le jour présent à fond car demain est un jour sombre où la mort nous guette sans répit. Ce consensus est la peur de la mort. Mais celui qui redoute sa mort est-il du moins en mesure d’expliquer en quoi consiste sa vie?

Aujourd’hui, on a cette fâcheuse tendance à esquiver la connaissance du passé et se complaire dans l’idée que nous vivons dans la période de la civilisation humaine la plus avancée sur les plans technologique et moral et que cela nous confèrerait systématiquement le droit de s’auto-proclamer maîtres de la Terre et de tous les temps. Nous avons tort.

Lorsque vient le temps d’entreprendre la périlleuse tâche d’interpréter le monde contemporain et ses complexes structures, une rigoureuse connaissance de l’histoire ainsi qu’une bonne dose de modestie s’imposent. Le présent est une illusion par le simple fait que d’émettre une pensée à son sujet nous projette immédiatement quelques secondes plus tard, dans le futur. Chaque seconde se trouve alors à n’être qu’un vulgaire et insaisissable bond du passé au futur.

Ceux qui trônent au-dessus du peuple, l’élite mondiale, pour employer des gros mots, a tout intérêt à maintenir monsieur et madame tout le monde à l’écart des grands enseignements d’hier afin de restreindre leur pensée et donc leurs actions. L’illusion du présent et nourrir la peur de la mort s’avèrent être des techniques indispensables au formatage des esprits pour ultimement en venir à l’avilissement le plus total. C’est pourquoi cette course effrénée au renflouage des coffres me semble bien loin d’un idéal utile à l’émancipation de l’individu.

L’Histoire est un grandiose récit qui appartient à tout un chacun et nul ne devrait se priver de se l’approprier. Il transcende chaque individu à sa façon et ce n’est qu’au moment de se laisser pénétrer par lui que l’on comprend la petitesse de son âme et l’imperceptible mais ô combien essentielle marque que l’on incarne sur cette ligne du temps.

Messages les plus consultés de ce blogue

Pourquoi l'histoire?

Bienvenue!